“Si je suis un autre, je ne suis pas moi-même”

En licence, j’ai étudié la littérature et j’ai pu rencontrer un livre qui m’a autant troublé que fasciné : Les chants de Maldoror. Affronter les écrits d’Isidore Ducasse est une expérience déroutante, on y voit l’auteur, entre soi-même et un autre. Vertigineux et marqué par un mystère ambiant, c’est un peu le genre de livre sur lequel tu t’arrêtes au bout de 3 ou 4 lignes et où tu te dis “il a vraiment écrit ça ? ”.

 

Partant de là, il était impossible pour moi de manquer La chambre de Maldoror de Benjamin Lazar au Théâtre des 13 vents !

De plus, un élément très alléchant ressortait du programme : “spectacle au casque en son 3D”.  C’était la première fois que je voyais ça dans une salle de spectacle, ça a tout de suite attisé ma curiosité !

« Ça va être de l’ASMR ?”

“Ils vont chuchoter dans mon oreille ?”

“Me crier dessus pour me faire peur ?”
“Mettre le bruit des vagues pour m’apaiser ?”
Bref, j’avais hâte de découvrir ce qui allait se passer.

 

Sur scène, Benjamin Lazar, qui joue les multiples identités de l’auteur des Chants de Maldoror, propose une prestation parfaitement incarnée et particulièrement accentuée grâce aux casques.
On a l’impression qu’il nous parle à l’oreille ou que ce sont des pensées parasites qui tenteraient de germer dans notre esprit. Mais il n’est pas seul, avec lui un micro binaural en forme de tête.

 

L’enregistrement binaural est une méthode d’enregistrement (ici, avec le micro en forme de tête qui est sur scène) adaptée à la morphologie de la tête humaine. Cette technique d’enregistrement garantit une restitution en trois dimensions totalement naturelle. Nous pouvons écouter ce qu’il dit avec au casque que nous avons ! Grâce à ça, les écrits de Maldoror résonnent comme une révolte et prennent voix, cette expérience solitaire à la fois collective, est unique et prend tout son sens en s’appuyant sur ce chef d’œuvre.

 

– Noria Yousfi, médiatrice YOOT