Rencontre avec le jeune cinéma Libanais et Palestinien et ciné-concert : focus sur trois films projetés au Cinemed ces derniers jours.

MAFAK (Screwdriver) de Bassam Jarbawi
N
ous sommes dans le monde, ici ou là, des histoires particulières, des hommes, des femmes et des contextes différents. Enfin presque. Mafak nous transporte dans le monde de Ziad, fait prisonnier pendant 15 ans, et qui revient chez lui traumatisé, où il ne se sent d’ailleurs plus vraiment chez lui. Son histoire particulière se déroule dans un contexte particulier : celui de l’historique conflit israélo-palestinien. Une fiction aux airs de documentaire qui éveille nos conscience d’occidentaux, par de subtiles suggestions.
Un film qui n’a pas encore trouvé de distributeur en France et c’est dire à quel point le cinéma palestinien y est peu présent. Le festival Cinemed permet d’aménager un espace rare de libertés et de rencontres. Il donne la possibilité à ses artistes de présenter leurs œuvres, rien que ça, ce n’est pas toujours évident. Cela permet en retour de mieux se rendre compte des enjeux en place à des milliers de kilomètres d’ici, et qui nous concernent, de près ou de loin. Comme le dit bien le réalisateur, Bassam Jarbawi, « le problème de la Palestine a besoin que le monde soit uni pour se résoudre. »

FILM KTEER KBEER (Very Big Shot) de Mir Jean Bouchaya
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n 1957, le premier film de l’histoire du cinéma libanais entre en compétition au festival de Cannes, grâce à un certain George Nasser, réalisateur méconnu et pourtant pionner du cinéma libanais. Soixante ans plus tard, on retrouve dans Very Big Shot ce même Nasser dans son propre rôle, comme pour lui rendre hommage.
Very Big Shot c’est l’histoire de dealers qui s’improvisent réalisateurs. Ambiance crime et deal en famille qui raconte aussi un peu l’histoire du Liban et ses modes de communication. On ne manque pas de matière dans ce premier film de Mir Jean Bouchaya, réalisé avec des moyens rudimentaires et en famille puisque le film est produit par ses deux frères Christian et Lucien. L’histoire, pleine de rebondissement absurdes se déroule à Beyrouth de nos jours. Nous suivons le quotidien d’une fratrie à la folie destructrice et attachante. Les images sont d’une simplicité qui réjouit, sans trop de sophistication. « Un cinéma d’auteur » fait de petites maladresses qui font la patte du réalisateur. Un film, pour sûr, qu’on recommande !

HAROLD LLOYD + THE BUNNY TYLERS
C
e n’est pas un orchestre mais un trio aux machines, les Bunny Tylers, qui ont écrit ici une musique pour ce ciné-concert composé de quatre petites histoires rocambolesques d’Harold Lloyd, grand comique du cinéma muet américain. Par dessus, une composition originale du groupe originaire de Beyrouth on découvre un personnage loufoque, aux péripéties plus burlesque les unes que les autres. La musique est une composition électronique subtile et planante qui évoluent tout au long des courts métrages. Il suffisait de fermer les yeux pour en saisir la profondeur, et de les rouvrir pour revenir à la légèreté d’Harold Lloyd. Un ciné concert c’est toujours un moment incroyable, à la croisée des genres. Avec des grands
classiques du cinéma qu’il est bon de découvrir ou redécouvrir.
Un monde à part, un monde à voir et à entendre.