Un goût d’été et de Pavarotti.

Après trois courts-métrages, Yohan Manca se lance dans son premier long métrage avec Mes frères et moi (2021). Ce premier film a été très bien reçu, que ce soit dans la presse et par le public. “Splendide”, “puissant”, “émouvant” etc., les mots ne manquaient pas pour décrire ce nouveau film dans l’horizon du cinéma français.

Nour vit dans un quartier populaire du Sud de la France, bercé par la mer et une chaleur écrasante. Nour vit avec ses trois frères et sa mère qui est malade. Il passe l’été a faire ses TIG – Travaux d’Intérêts Généraux – dans son collège et il y fait la rencontre de Sarah, qui dirige une petite chorale.

Nour est un simple enfant qu’on voit grandir et ici, il se retrouve au milieu des conflits entre ses frères et la maladie de sa mère. C’est entre le basculement de l’enfance et de l’adolescence que Nour fait la rencontre d’une femme qui va lui faire approfondir son amour pour l’opéra. Cette passion, il la tient de son père, c’est une histoire de famille. Mais, ce n’est pas au goût de ses frères et en particulier Abel l’aîné, figure du père et du sacrifice, qui veut qu’il arrête le chant, pour se consacrer au travail afin de ramener de l’argent à la maison.

Film initiatique dont on connait l’issue après quelques minutes dans la salle, il n’y a pas eu ce renouveau qui m’a manqué et m’a fait perdre toutes les émotions que je pouvais ressentir en voyant ce film. Malgré le fait que ce soit encore un film qui parle de la banlieue avec cette même trame et cette volonté de montrer “le beau” des quartiers populaires, il y a tout de même des points que j’ai fortement appréciés (oui oui, je ne suis pas que là pour faire ma cinéphile barbante qui ne voit que le mauvais dans ses visionnages de films Français).

La couleur, le grain de l’image et le soleil.

Au niveau esthétique, je n’ai rien à dire, c’était si prenant que pendant quelques instants, j’ai cru revenir en enfance, durant ces lourds étés où le soleil ne faisait que taper. L’image était d’une douceur incroyable, ça en devenait presque poétique.

La prestation de Maël Rouin Berrandou (Nour) était superbe, il nous a offert les moments les plus sincères du film et en particulier avec la professeure de chant (Judith Chemla), qui lui offre ses plus belles scènes.

Enfin, malgré une histoire qu’on a déjà vue trop de fois, le film reste émouvant et surtout très drôle, avec des personnages attachants, sensibles et révoltés. Il est doux et simple à la fois, il est difficile de trouver des fausses notes en le regardant. Le sujet est abordé d’une manière juste, il n’en fait pas trop et ne tourne pas au film lourd et grotesque sur la banlieue (personne ne m’a demandé, mais oui, je vise totalement Le Brio (2017) d’Yvan Attal ici). Visuellement, c’est impressionnant de faire un film aussi beau, notamment quand c’est le premier. Yohan Manca a su éviter les gros stéréotypes et a réussi à nous narrer une jolie histoire qu’on ne manquera pas de recommander.

Noria Yousfi, médiatrice YOOT.