Ce matin j’avais rendez-vous à l’Agora, cité internationale de la danse, pour un petit déjeuner atypique avec le chorégraphe et danseur Fabrice Ramalingom.
Lorsque qu’on lui pose la question pourquoi il danse, Fabrice Ramalingom répond:
«Je danse pour revenir à des sensations archaïques du mouvement : animal, fœtal. Me sentir dedans. Sentir mon cœur battre. Sentir mes veines. Sentir le flux, les liquides. Ma sueur couler. Sentir ma force et mes faiblesses. Me sentir libre. Après vient la relation au monde, les autres, l’autre. Danser pour ceux… Envoyer les signes de la présence, de l’existence.»
Né à Avignon le 13 février 1965, de parents malgaches ayant quittés le pays après l’indépendance, il décide à l’âge de 19 ans de faire de la danse son métier. Il commence dans les boites de nuit parisiennes où il fait des strip-tease pour payer ses cours de danse. Il se forme ensuite au CNDC d’Angers pendant deux ans, avant d’intégrer le CCN de Montpellier en 1988. Pendant 6 années il travaillera entre autre avec l’emblématique Domique Bagouet (dont un des studios de l’Agora porte son nom). Il fait notamment la rencontre de Trisha Brown, une des plus grandes figures de la post-modern danse américaine. Elle va bouleverser sa façon de danser : « Tout à coup, tout à changé dans mon corps». Cette rencontre déterminera son désir de devenir chorégraphe.
Après le décès de Dominique Bagouet, il crée avec Hélène Cathala la compagnie LA CAMIONETTA. Les deux artistes chorégraphient ensemble onze pièces. Petit à petit, Fabrice Ramalingom apprend son métier de chorégraphe et affirme une écriture de plus en plus singulière.
En 2006, il crée une nouvelle compagnie : R.A.M a.
Il obtient alors un fort soutien des institutions pour ce projet auquel il entend donner une envergure régionale, nationale et internationale.
D’ailleurs, lorsqu’on lui pose la question s’il se sent un artiste régional, il ne sait que répondre. Il n’existe pour lui aucune frontière, il est bien sûr attaché à la ville de Montpellier mais s’exporte aussi beaucoup, au Brésil, au Canada, à Vienne où encore à Berlin. Pourtant, rien ne vaut selon lui la qualité de vie montpelliéraine et les structures mises à disposition pour pratiquer son art, bien plus «accessible» qu’à la capitale.
MY (petit) POGO, 2017
My (petit) Pogo est une performance qui s’appuie sur le thème de My Pogo crée en 2012 à Toulouse et qui s’adresse plutôt à un jeune public. Une pièce qui s’inspire de la danse contact, où il est principalement question d’altérité, en tout cas de questionnements autour du «vivre ensemble». Une pièce à visée didactique, un mix entre performance et conférence qui joint la parole à la danse.
La volonté de Fabrice Ramalingom est ici de transmettre car il est «très important de former les spectateurs d’aujourd’hui pour qu’ils restent ceux de demain.» Une pièce généreuse, pour la joie du spectateur, la joie de regarder. MY (petit) POGO«C’est une invitation à entrer dans l’œuvre en passant par les rouages de l’atelier de sa fabrication, une invitation à la découvrir en train de se créer et enfin, la voir advenir.»