Récemment, nous avons pu rencontrer Anne Fontanesi, directrice de production et diffusion des spectacles, mais aussi programmatrice des PAR/ICI avec Alice.
Neussaint, chargée de la formation et du développement des publics. C’était le moment d’en apprendre un peu plus sur la programmation générale du CCN et en particulier les PAR/ICI !

 

>> Qu’est-ce que le CCN et quels sont ses ambitions ?

Les CCN sont des lieux dirigés par des artistes et leurs principales missions sont la création, la production, la diffusion des œuvres et la transmission de l’art chorégraphique. Chaque CCN a un projet artistique différent. Christian Rizzo, le directeur, est un chorégraphe particulier ; il vient du monde l’art plastique, de la mode et de la musique. Le projet qu’il défend est que le chorégraphique ne se situe pas uniquement dans la danse, mais aussi dans d’autres formes d’art. C’est pour cela qu’on peut retrouver des expositions au CCN : on montre qu’il y a du chorégraphique dedans et cela éclaire ce qu’on peut voir au CCN.

 

>> En quoi consiste les PAR/ICI ?

Avec les PAR/ICI on invite des publics à parcourir différentes modalités proposées par un artiste, comme un portrait sous le prisme du nom de cet artiste.

Chaque artiste invité·e propose à l’intérieur de ce portrait un spectacle existant, en suite une soirée TOPO qui est un temps encore un peu “flou” au moment où je le programme, car je n’ai pas accès au contenu de ce qui va être déployé, c’est un moment d’expérimentation. Enfin, ils peuvent proposer un Club de danse (atelier de découverte de la pratique).

 

>> Ces prochains mois, on a le droit à quoi ?

En janvier, il y a Ondine Cloez avec une soirée TOPO qu’elle le décline en 3 soirées différentes. Dans un premier temps le 17 janvier, elle invite une artiste/chercheuse, Marcelline Delbecq sur la question du langage et de la traduction. Le 18, elle présente un moment de sa résidence. Enfin le 19 elle nous invite à un concert noise avec Nina Garcia (une pointure dans le noise). Le projet d’Ondine est 100% féminin, je pense que c’est un peu voulu, il y a un peu une revendication de n’inviter que des femmes.

En février, Calixto Neto, un artiste brésilien vivant en France depuis longtemps, présente son spectacle O samba do Crioulo Doido. C’est un solo très emblématique, il s’agit d’une transmission d’un chorégraphe brésilien, Luiz de Abreu, que j’ai pu voir à la création du solo en 2004. C’était un moment très fort dans le milieu de la performance brésilienne. Il y avait une forte dimension politique, car ce solo touche le  domaine queer. Le corps est un support politique d’un certain nombre de revendications sociétales à cette époque au Brésil. Le chorégraphe joue sur le décalage de la masculinité avec le drapeau brésilien, comme l’étouffement d’une identité. Luiz de Abreu, devenu aveugle, ne peut plus danser ce solo qu’il a joué dans différents lieux avant-gardistes et underground en France. Il transmet son solo à Calixto Neto. À ICI-CCN, la performance sera accompagnée du film retraçant  la transmission du solo de Luiz de Abreu à Calixto Neto : c’est très actuel, c’est le travail d’une transmission, ce n’est pas qu’une performance.
Calixto propose aussi un Club de danse.

 

>> Quel est le principe du Club de danse ?

Le Club de danse, c’est un peu une curiosité. Les gens viennent grâce à quelques mots, c’est toujours une expérience de la pratique. Lors du club de danse on peut participer à un temps de composition, soit on baigne dans l’univers de l’artiste, soit on plonge dans une expérience de la pratique. C’est toujours très relié à la programmation, la notion de parcours est très importante avec des entrées différentes pour le public et des rencontres variées.

 

// La pratique, ce n’est pas un peu intimidant pour le public ?

Dans le club de danse, ce n’est pas toujours de la danse où on apprend un mouvement, mais ça peut aussi être un moment pour participer à une recherche. Ce qu’on demande aux artistes, c’est que l’atelier soit accessible pour tout le monde à partir de 15 ans. C’est un moment de partage avant tout. La pratique est prise en sandwich entre un temps de spectacle (le PAR/ICI) et d’expérimentation (soirée TOPO). C’est le moment pour le public de voir 3 temps de travail différents d’un artiste : la forme aboutie, la pratique et l’expérience.

 

// Vous recommanderiez les PAR/ICI dans sa version complète : club de danse, spectacle et soirée TOPO ?

On invite tout le monde à suivre ce parcours et se prendre au jeu du PAR/ICI.

Expérimenter ces 3 modalités. C’est la notion d’expérience, de nouveauté, ce sont des projets fun ! Par exemple pour le PAR/ICI de Calixto, il y a une forme de générosité proposée. Il a des questions queer qui sont très intéressantes, un rapport à la musique, à la culture brésilienne. Les soirée TOPO permettent au spectateur de voir la recherche de l’artiste dans un état de fragilité, de choses non finies, non répétées, c’est ça les performances. Ce sont des moments où tout peut basculer et il peut intervenir des choses sublimes et uniques. C’est un moment où l’artiste est raccord avec le public. De plus, il y a toujours un temps d’échange avec l’artiste pendant la soirée TOPO, ce qui le lie un peu plus avec le public.

 

// Il y a-t-il d’autres moments du CCN à partager avec nous ?

Il y a les Fenêtres sur résidences (sorties de résidences) qui sont en accès libre sur réservation. C’est vraiment quelque chose de différent, mais qui se rapproche des soirées TOPO dans son approche au public. L’artiste accueilli en résidence propose d’ouvrir un temps de partage avec le public : elleux  aussi montrent l’avancée de leurs recherche chorégraphique au moment présent, suivi  d’un moment d’échange. Par ailleurs, il y a aussi des expositions, 2 à 3 artistes plasticien·ne·s par an, invité·e·s à exposer par Christian Rizzo. Pour l’exposition en cours, Qui va là ? N°2, en partenariat avec le FRAC Occitanie Montpellier, l’approche est différente. Christian Rizzo a sélectionné un ensemble d’œuvres de différents artistes dans lesquelles on retrouve la question du chorégraphique et de l’absence du corps.

 

 

– Noria Yousfi, médiatrice YOOT