Qu’est-ce que le ciné-club Jean Vigo et quelles sont vos activités ?
Le ciné-club JV existe depuis les années 50 et sous la forme qu’on la connait aujourd’hui depuis les années 70. On fait une programmation de cinéma de patrimoine, 15 films par an et à chaque fin de séance, nous faisons un débat.
Pourquoi et comment le cinéclub a été créé ? D’où l’idée du ciné club est venue ?
La création des ciné-clubs est liée à la fin de la guerre où les ciné-clubs se mettent en place, c’est un mouvement important. Il y en a partout en France, les ciné-clubs de ville ont eu un travail important dans les années 50/60, à faire découvrir un cinéma invisible à cette époque, par exemple du cinéma américain qui n’a pas été vu pendant la guerre, puis aussi faire venir des films venant d’endroits géographiquement éloignés.
Bref, faire regarder des films qui n’étaient pas visibles dans des cinémas d’exploitation en France. Après ça, on voit l’apparition des cinémas d’art et essais ! Certains ciné-clubs, comme le nôtre, ont alors changé de fusils d’épaules et au lieu de faire d’aller chercher des choses introuvables et de montrer au public ce qui existe ailleurs, on est devenu un cinéma de patrimoine. Ce n’est pas qu’un flux, ce n’est pas que du cinéma qui se passe actuellement. Il y a l’intérêt de (re)découvrir des choses d’il y a 10 ou 20 ans qui étaient intéressantes à l’époque et qui le sont toujours aujourd’hui.
Le ciné-club a toujours été au centre Rabelais ?
Non : il a navigué pas mal ! Mais, je n’ai pas tous les détails ! Il a dû être à un petit moment au cinéma de l’Utopia, à l’époque nommée le club ! Dans les années 70, il a été au Royal, le cinéma qui a fermé il y a quelques années.
Le thème de cette année est “héroïque” pourquoi?
C’est très curieux, ça nous prend beaucoup de temps et j’ai conscience que ce n’est pas forcément compris ! On cherche à trouver une structure surtout, pas forcément un thème. Chaque année, on cherche à se poser des questions sur les films et de quelle manière ça structure un film et une saison. On se pose la question “est-ce que le personnage est un héros?”. Cela permet à nos débats d’avoir des axes et au fil de la saison, on revient sur certains films et sur les questions que nous nous sommes posées.
Comment se fait le choix de la programmation ?
On est quelques-un à faire des propositions. Ces propositions sont sous forme de liste. Il faut savoir qu’on fait 15 films par an, mais qu’on fait une demande d’une trentaine de films à la fédération, car parmi les films que l’on va souhaiter, ils ne sont pas tous disponibles en termes de droit de diffusion. Mais on espère à chaque fois, en matière de programmation, d’avoir à la fois du cinéma américain, européen, mais pourquoi pas du cinéma asiatique aussi. On essaye d’être attentif à la géographie, mais aussi à l’époque. Certaines saisons, on a du cinéma muet pour arriver jusqu’aux années 2000 ! Après, ce qui est très récent n’est pas trop notre affaire pour l’instant.
Pourquoi le choix de ne pas mettre des films récents ?
Nous ne sommes pas fermés à l’idée. Mais, les personnes qui fréquentent le cinéclub sont pour la plupart des cinéphiles et ils fréquentent déjà beaucoup les salles de cinéma. Si on programme un film plus ou moins récent, il y a des chances qu’ils l’aient déjà vu récemment en salle. Par contre, pour un film d’il y a 20 ans par exemple, ils peuvent se dire que c’est l’occasion de le (re)voir dans une salle ! On a la chance d’avoir une belle salle et une vraie condition de cinéma, donc c’est autre chose de revoir un film au cinéma qu’à la télévision chez soi. On est aussi des fans du grand écran ! Puis, l’avantage aussi, c’est qu’on est un lieu de convivialité, où on rencontre, discute et on peut débattre.
Même si on n’est pas “cinéphile”, ça ne nous empêche pas de venir ?
Non bien sûr ! Puis le public est très large, ça va du lycéen au retraité. Et nous le souhaitons très large ! La COVID a fait perdre quelques personnes, l’habitude du cinéma s’est peut-être essoufflée à cause de cela aussi.
Tu parlais de moment de convivialité et de débats après les projections, de quelle
manière ça se passe ?
C’est vraiment l’originalité du ciné-club JV ce moment ! Dans la plupart des ciné-clubs, il y a la présentation, le film et puis le débat qui se passe dans la salle. Quand ça se passe dans la salle, le présentateur est généralement en bas, avec son petit micro et puis les spectateurs sont dans la salle, un peu comme élève et maître. Ça fait souvent une ligne uni directionnelle. Les personnes dans la salle posent une question, le présentateur répond. Ça fait des courtes questions puis des réponses qui tentent d’être longues. Ce n’est pas extrêmement intéressant !
La chance qu’on a est que nous avons une salle annexe sous les gradins. On fait un cercle avec des chaises, ce qui permet d’avoir une circulation de la parole. Il y a toujours quelqu’un qui anime davantage, mais cela permet qu’il y ait une parole circulaire. Les personnes peuvent s’interpeller, avoir un réel échange et ça, c’est super intéressant !
On peut venir même si nous voulons juste écouter le débat ?
Tout à fait ! Au fil des années, on voit des personnes qui sont toujours là et qui ne font qu’écouter. D’autres, prennent confiance petit à petit et prennent de plus en plus la parole.
Puis on sait, prendre la parole n’est pas une chose simple du tout.
Puis parfois, on peut se sentir illégitime à prendre la parole aussi…
Ce n’est pas grave, c’est même bien ! Parfois, on peut être pas d’accord, mais ça peut dire qu’on met un peu de passion. Il faut oser ! Ça m’est déjà arrivé de pas être d’accord pendant un débat. Puis, en rentrant chez moi je me suis dit “ah mais oui, en fait peut-être qu’il avait raison dessus…”
Et c’est super intéressant ! C’est pas mal, faut l’accepter !
C’est bien de pas être d’accord.
Combien de temps dure ce moment d’échange ?
C’est simple : on a la salle jusqu’à 23h ! Si le film dure 2h30, on a que 30mn !
Quels films de la progra tu me conseillerais ?
Au mois de mars, il y a Les petites marguerites ! Il y a deux actrices, deux femmes et c’est
complètement barré ! C’est un cinéma contemporain, si on aime les films expérimentaux
c’est le bon film !
Le dernier film de l’année, Pandora, c’est quelque chose aussi. Il ne faut pas le rater.
A quel moment on aura le thème et le programme de l’année prochaine ?
Si tout se passe bien, à la dernière séance
– Noria Yousfi, médiatrice YOOT