La nouvelle création du ballet Preljocaj !
Revenant à l’expérience pleine d’audace entamée avec Empty moves, chorégraphie sur une performance insolite de John Cage qui déconstruisait par phonèmes l’ouvrage du philosophe Henry David Thoreau La désobéissance civile, Angelin Preljocaj s’est plu à transformer l’essai, témoignant de son attrait pour la philosophie. Mais cette fois, le chorégraphe est le grand orchestrateur d’une bande-son aussi originale que radicale, qui mêle aux cours de Gilles Deleuze sur L’Ethique de Spinoza, les sons sensuels et révolutionnaires de Jimi Hendrix. Si la discordance saute aux yeux, les accointances ne sont pas moindres. Baruch Spinoza aussi est une sorte de rebelle. Il remet en question la transcendance divine, s’intéresse à « ce que peut un corps » et fait du désir la pierre angulaire de ses concepts.
La voix de Gilles Deleuze, archive sonore des années 80, ajoutant à l’ensemble une touche d’humour et une clarté du propos, nous replonge dans l’optimisme de l’époque signant-là une sorte de pop philosophie où le corps ouvre une porte sur les questionnements de notre monde. Une pensée profondément chorégraphique qui ne pouvait qu’inspirer Angelin Preljocaj !