« La pièce donne à voir une succession étourdissante de solos »
Le travail de David Wampach est fait de débordements et saisit à pleines mains la matière et les savoirs sur l’art. Créé juste après la pièce ENDO où il explore avec Tamar Shelef les avant-gardes artistiques du vingtième siècle et plonge aux sources de l’art-performance, BEREZINA (2019) est un prolongement, un dépassement. Avec ENDO, qui avait soulevé l’enthousiasme lors de sa création à Montpellier Danse en 2017, il fait de la peinture sa matière première. On la retrouve dans BEREZINA, dans un jeu de miroirs troublant, et présenté sous la forme d’une série de 6 soli, comme si chacun, pour atteindre son noyau, dans un isolement et une distanciation, devait s’engager dans la formation, la déformation et l’épuisement de tous ses masques. Si le titre BEREZINA renvoie à un imaginaire de bataille, de perte de repères et de chaos, il y est surtout question de changement et de métamorphoses. « Je m’intéresse tout particulièrement aux transformations et aux états transitoires du corps. J’en interroge sa représentation dans les contextes esthétiques, sociaux et politiques de l’époque contemporaine : comment le corps est-il tantôt caché, tantôt montré ? Je cherche à explorer les mises en jeu du corps aux frontières des genres, et à en exhiber les ressorts. Pour la pièce BEREZINA, j’ai voulu déjouer des évidences, quant à l’écriture d’une pièce de groupe, par le choix d’isoler chaque danseur, dans une succession de 6 soli, présentés sous le regard attentif d’un groupe d’individus, qui sont tantôt témoins, surveillants, supporteurs, maquilleurs, magiciens ».