Sharon Eyal présente le dernier volet de sa trilogie chorégraphique avec les neuf danseurs .
Chapter 3 s’ouvre sur un ballet de corps chaloupés au rythme d’une musique néo-tropicale. Le spectateur s’installe dès lors dans cette danse à l’unisson. Mais il sait trop bien que Sharon Eyal a l’art des ruptures, des changements de ton et des pics d’adrénaline en scène. D’ailleurs ce Chapter 3 a pour sous-titre : The Brutal Journey of the Heart. Ce cœur dessiné sur les costumes de Maria Grazia Chiuri va battre de plus en plus à folle allure. Des duos se forment, les lignes se cassent, la chorégraphie monte en tension. Dans ces précédents opus OCD Love et Love Chapter 2, Sharon Eyal en complicité avec Gai Behar traquait déjà les points de rupture magnifiant la gestuelle de sa communauté d’interprètes. Se dégageant de l’influence des maîtres, à commencer par Ohad Naharin, la chorégraphe inventait un langage en mouvement. Dans Chapter 3, elle compose de véritables tableaux vivants cernés des lumières de Alon Cohen.
Le travail incessant du bassin devient le leitmotiv d’une danse offrande. Les chorégraphies suivent alors le flux et le reflux nés de l’imagination de Sharon Eyal pour dire ces « cœurs » brisés, vibrants surtout. La créatrice semble avoir fait sienne ces mots de l’auteure américaine Hanya Yanagihara : « la vie se réorganise pour compenser votre perte, parfois à merveille ». Chapter 3 est une danse pour panser les plaies autant qu’un voyage pour les sens. Au final Sharon Eyal et Gai Behar font de ce voyage une intense odyssée des corps.