Être ou ne pas être reine dans le royaume de Suède…
Tel est l’enjeu de cette pièce qui, située dans un lointain historique, n’en pose pas moins les enjeux actuels du féminisme.
Dans sa cage de glace posée sur la scène, Marie-Sophie Ferdane est lumineuse.
Elle était la fille d’un roi et se trouva reine à six ans. Mais peut-on être reine en 1630 quand, lettrée, érudite soi-même, on veut faire de son peuple de bûcherons et de chasseurs d’ours, une assemblée de gens policés ? Quand on veut, pour ce faire, multiplier les théâtres, les écoles et les bibliothèques ? Quand, surtout, on entend vivre comme un roi, avec favori, favorite à l’occasion et liberté de pensée ?
Tel fut le destin de Christine de Suède : reine en effet mais contrainte à l’abdication par une noblesse luthérienne épouvantée par tant d’audace.
Sur cette lointaine – et véridique – trame historique, Sara Stridsberg a écrit une pièce qui fait du féminisme un enjeu traversant les siècles. Et Christophe Rauck, le metteur en scène, a bâti pour cette reine en souffrance, un impressionnant décor de neige où passent des personnages shakespeariens – le Roi mort, le Philosophe – venant tenter de sauver la souveraine des tentations qui la traversent. Tentations autoritaires, pulsions d’absolue liberté, rejet des genres quand on revendique des amours multiples…
Mais la neige ne va-t-elle pas ensevelir tout cela ?
Durée – 2h10