Pearl Chavez, toute jeune métisse de sang indien, est confiée à Laura Belle, amie d’enfance de son père, par celui-ci avant son exécution, suite aux deux assassinats qu’il a commis, ceux de son épouse et de l’amant de celle-ci.
Sentence qu’il semble appeler de ses vœux comme une ultime délivrance. Pearl se retrouve ainsi au sein d’une famille nouvelle : le père, infirme, hargneux et intraitable, éleveur d’un immense troupeau ; la mère, douce, soumise et toujours attentionnée, notamment dans ses rapports avec Pearl ; et enfin deux fils aux conceptions de la vie, de l’amour et du monde diamétralement opposées (comme les deux frères de Celui par qui le scandale arrive, de Minnelli) qui se disputeront Pearl pour le meilleur et pour le pire.
Le film pourrait sembler crouler sous un pathos trop envahissant face à un ethos qui serait trop discret. La figuration, par son ampleur démesurée dans certaines scènes, pourrait rappeler le catalogue des vaisseaux dans L’Iliade. Mais ce serait oublier justement que nous sommes devant un mélodrame, et que de telles considérations ne sont pas de mise ; qu’une certaine exagération est autorisée, voire souhaitable, aussi bien dans le traitement de l’image que dans celui des rapports humains – véritables affrontements, la plupart du temps – entre les personnages. Enfin, le film se clôt par une scène, véritable coït sublimé de huit minutes qui, une fois vue, ne peut plus être oubliée.
« Se tuer, dans un sens, c’est comme au mélodrame, c’est avouer. C’est avouer qu’on est dépassé par la vie ou qu’on ne la comprend pas. » Albert Camus.