La longue tradition de musiciens attachés à des princes ou des rois tend à prouver que la musique fut longtemps un élément incontournable pour asseoir un pouvoir politique. Haendel n’échappe pas à la règle et les Coronations Anthems, composées pour le couronnement de George II, tout comme le Dettingen Te Deum, qui célèbre la victoire de l’Angleterre sur l’armée française à Dettingen en 1743, visent à renforcer la puissance de la couronne d’Angleterre.
De fait, les deux pièces de ce concert remplirent ce rôle avec succès puisque les répétitions des Coronations Anthems attirèrent une foule de curieux enthousiastes jamais vue jusqu’alors. En effet, les dates et lieux de répétitions avaient négligemment été indiqués dans la presse sous prétexte de préciser qu’elles n’étaient pas publiques !
Susciter l’enthousiasme et l’émerveillement pour le pouvoir en place ; voilà donc la caractéristique qui rend la musique si indispensable aux princes. En effet, pour emporter l’adhésion du peuple, il est possible de le convaincre par des arguments rationnels, soumis à débats et susceptibles de n’être pas compris ou d’être renversés par d’autres arguments. A l’inverse, on peut, bien plus sûrement, le persuader en faisant appel à l’émotionnel. Ceci assure à celui qui persuade une adhésion totale et enthousiaste, sans réserve et qui n’a pas besoin d’être comprise ou expliquée.