François Chaignaud, chorégraphe, danseur et chanteur, polymorphe, et Aymeric Hainaux, poète, beatboxeur de haut vol, et musicien, livrent au public leur rencontre dans Mirlitons, un duo corporel et sonore.
Ensemble, ils composent une sorte de rite hybride où corps et souffle se confondent, unis par un même souci percussif et profondément organique, où la peau devient la membrane vibrante de deux corps tambours, de deux pulsations viscérales et musicales immenses.
Aymeric Hainaux propage à toute sa carcasse la rythmique produite par sa bouche en ondes excentriques, créant une sorte de chambre d’écho d’une danse à venir, un lieu sacré d’où peut sourdre l’inconnu. Chaignaud précipite toute sa personne dans cette pulsion totale, avec ses pieds, ses mains, enfilant les pointes à crampons ou les talons à claquettes, s’armant d’un bâton à clochettes pour faire la paire avec Hainaux et s’affronter par frappes interposées, comme s’il fallait taper fort pour se faire entendre.
Si Mirlitons se joue, avec ce petit sifflet qui fait peu d’effet, de toute parade y compris militaire, la pièce est surtout un tremplin formidable à l’imaginaire, laissant surgir toutes sortes de personnages, de situations, d’histoires, de contrées ou d’époques. Mais surtout, leur histoire est une aventure, une lutte, une alliance, un dénouement, un duel infiniment gracieux et endurant, un déchirement dans l’épuisement.
Les deux hommes fouillent les eaux sombres de la mélancolie, pour laisser s’échapper et se réconforter ces joyeux Mirlitons.
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Organisé par Montpellier Danse
Conception et interprétation : Aymeric Haineux et François Chaignaud
Texte : Agnès Izrine
Durée : 1h10
Image : ©Martin Argyroglo