Une femme, deux voix. Une avocate, deux comédiennes, Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette. Et à travers elles, à travers ce théâtre-récit, tous les combats, toutes les indignations d’un siècle que surplombe la haute figure de Gisèle Halimi.
Les combats de Gisèle Halimi ont commencé tôt : à dix ans, quand elle entamait une grève de la faim parce que sa famille l’obligeait à faire le lit de son frère. Même détermination à quinze ans pour refuser le mariage arrangé que ses parents lui imposaient.
Ce caractère trempé dès l’enfance dans cette Tunisie juive patriarcale allait lui permettre de traverser d’autres tempêtes, autrement plus violentes.
Avocate, en pleine guerre d’Algérie, elle défendait les combattants du FLN, dénonçait la torture pratiquée par l’armée française et déposait plainte contre le ministre des armées. Militante, elle signait le manifeste des 343 femmes rendant publics leurs avortements. Députée, elle était aux côtés de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort.
Cette vie de roman devient ici une vie de théâtre.
Grâce à deux comédiennes exceptionnelles qui, tour à tour, portent la voix, si calme, si pondérée, de cette femme de combats. Ici la réalité n’a pas besoin du secours de la fiction : il y a peu de destins comme celui-ci. Un spectacle qui est aussi, d’abord peut-être, un hommage.
© Gisèle Halimi, Une farouche liberté – Domaine d’O
