« Qu’est-ce que la censure ? Qu’est-ce que l’on censure ? Y a-t-il des domaines plus sujets à la censure ? Et si oui, pourquoi ? Quelle est la frontière à dépasser, aujourd’hui, en Italie, pour être censuré ? » Leonardo Manzan.
Révélé comme l’un des jeunes talents de la Biennale de Théâtre de Venise en 2018, le metteur en scène Leonardo Manzan s’empare avec Glory Wall de la question de la censure dans les démocraties européennes et notamment en Italie où – a priori – la liberté d’expression des citoyens, des artistes, des journalistes est au cœur du contrat social. Convaincus que le théâtre est le lieu par excellence du « scandale », Manzan et son équipe de trois comédiens interrogent, dans un dispositif scénique proche de l’installation plastique, comment l’imaginaire est formaté afin de maintenir l’ordre social et comment le théâtre repousse sans cesse les limites de l’imagination de cet ordre établi.
Explorant autant la censure exercée par un ordre extérieur que par celle que chacun exerce sur lui même, Glory Wall propose de nous mettre face à une « machine » de censure. Sur un mur-écran où s’affichent les commentaires d’une voix off aussi précise que drôle, apparaissent des trous à travers lesquelles des mains anonymes passent comme pour tenter d’en percer les limites. Sade dit qu’il existe une frontière entre ce qu’il est possible d’imaginer et ce qu’il est possible de réaliser. Mais c’est là une frontière qui n’intéresse pas la censure. La censure frappe la réalité, mais sa cible est l’imagination. C’est cette imagination visée de toute part que Glory Wall nous invite à explorer, dans une expérience plastique, visuelle et collective.
