La première grande pièce d’Anton Tchekhov.
Ivanov a jugé le monde comme il va : une table de jeu où chacun reçoit le même nombre de cartes. La société y coule une vie assise, et, en parlant placements, intérêts, dividendes, stratégies pour rafler la mise – car à cette table, on joue gros – elle se donne le sentiment d’exister. Pas loin d’être flambé, Ivanov a choisi de quitter la table. Il a essayé de trouver dans les livres d’autres règles pour un autre jeu, et d’autres façons de dire, que celles de ces hommes qui croient savoir parler aux femmes, et briller aux tables de jeu… il faudrait parler comme on fait des galipettes dans le foin, comme on fait de la musique, ou comme chantent les créatures les plus heureuses du monde, les oiseaux de Leopardi… Comme un enfant d’Abraham qui aurait perdu toute notion de la Loi, Ivanov ne sait plus croire à la famille, ni à l’amour, ni à cette part essentielle de son héritage, celle à prendre dans la construction d’une cité juste. On ne quitte pas impunément la table du jeu social pour imaginer un autre jeu capable de rassembler une société qui parlerait un autre langage que celui qu’elle retourne aussitôt contre le dissident. Celui qui lit : un fusil est braqué sur lui.
Auteur : Anton Tchekhov.
Mise en jeu : Yves Gourmelon.
Avec : Sophie Basquin, Bruno Carbonnier, Béatrice de Chabert, Nicolas Ehrsam, Jean Pierre Guichenez,Liliane James, Léa Mourniac, Michelle Simon, Daniel Tesson.
