Ça aurait pu s’appeler L’Auberge espagnole ou Le Cabaret Voltaire, une pièce solaire, cosmopolite, farfelue et un peu dadaïste…
Mais Gloria, est surtout une ode à la vie et à la gloire des interprètes, à leur passion, à leur engagement pour la danse. Cette « comédie dansée pour temps d’incertitudes » est virtuose, dynamique, baroque, loufoque et joueuse à souhait. José Montalvo en profite pour, au passage, rendre hommage aux grands artistes et grands pédagogues qui l’ont encouragé, par des clins d’œil humoristiques, insolites, décalés et parfois explicites, comme celui à Pina Bausch qui l’avait accueilli, en compagnie de Dominique Hervieu, à l’aube de leur parcours. Gloria est aussi un manifeste en faveur de la diversité : qu’il s’agisse des techniques corporelles, des normes physiques, des origines ou des espèces, puisqu’il convoque tous les animaux sauvages en voie d’extinction dans un bestiaire vidéo d’une étrange beauté. Dans cet opus qui célèbre le retour à la vie comme une fête de la danse, tout est enlevé à un rythme étourdissant, parsemé de gags visuels, tandis que se succèdent danseuse classique chevronnée, virtuose du hip-hop, flamenquistes époustouflantes, danseuse africaine vibrante… Il donne ainsi à voir un collectif qui ne pratique pas un seul style de danse, mais un corps de ballet délicat qui entre en résonance sensible avec la société d’aujourd’hui. Cet ensemble, à la fois drôle et savoureux, milite en faveur d’un monde meilleur et généreux où chacun serait accepté pour ce qu’il est. Agnès Izrine
