Un piano pour héros ? Celui d’Ada, jeune femme muette, qui se tient droit à son côté sur la plage néo-zélandaise où elle a été lestement débarquée, avec sa petite fille.
Elle y attend le mari auquel son père l’a remise depuis leur Écosse natale. L’époux arrive avec ses porteurs maoris et Baines, qui fait le lien entre eux et lui. Il faut traverser le bush pour atteindre la propriété du colon et le piano, qui est comme la voix d’Ada, est abandonné sur la plage.
Mais la volonté de la jeune femme et la sensibilité de Baines à la musique qu’elle joue vont mettre ce piano au cœur de la relation entre ces trois personnages. Voix, doigts et corps vont dès lors s’unir et se détruire…
Romanesque. Des personnages comme sortis d’une œuvre d’Emily Brontë, animés de passions brisant le carcan des représentations. Un homme et une femme saisis dans leur intimité la plus secrète dont la sensibilité éclot au sein même des violences sourdes de cette société. Un désir qui fissure les codes de l’ère victorienne, qui libère la vie emprisonnée mais aussi la sauvagerie née de la frustration.
Romantique. Un paysage exotique, magnifié par la photographie en restituant tant la grandeur que la matérialité, qui ouvre sur l’immensité et qui enferme en même temps les acteurs de ce drame.
Mélodramatique. La puissance des sens sous le vernis des conventions, la beauté des sons et le sublime des images capturant, dévoilant ce que la société enferme et cache au cœur des hommes et des femmes.