Pour offrir aux jeunes talents de l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier un généreux éventail de médiums d’expression au plateau, Georges Lavaudant a choisi de réaliser une adaptation théâtrale du magistral roman de Peter Handke, Le Malheur indifférent.
Au travers du voile de neutralité de ton, de cette écriture austère, résolument dénuée d’émotion, c’est tout un panel de complexités qui cherche à percer, exploser, de manière tumultueuse, voire agressive.
Évidemment voulue et assumée par l’écrivain, cette veine est celle que suit Lavaudant. Derrière l’apparence du dicible se joue la violence de l’indicible. Il s’agit là de l’ineffable de la petite comme de la grande histoire. S’appuyant sur la forme romanesque pour faire surgir tous les vecteurs de vivacité scénique, Georges Lavaudant envisage son adaptation comme un diptyque :
👉 La forme de la première partie explore d’innovants états de corporéité, en une nébuleuse chorégraphiée qui exacerbe les références au musical-hall ; en émane une atmosphère mystérieuse qui ouvre l’imaginaire du public sur la toile de fond du contexte historique.
👉 Dans le deuxième volet, le metteur en scène s’appuie sur le texte écrit à la première personne du singulier, à l’instar d’un journal autobiographique, pour répartir les « je » entre les sensibilités de ces comédiens.ennes de demain.
Ces fragments de récits, pris en charge tour à tour par ces jeunes interprètes, viennent rétro-éclairer les parts d’ombre de l’énigme de la première partie, donnant une apparence de cohérence à l’ensemble.