Le pitch : Six samouraïs, suivis par un individu complètement déjanté qui leur colle au train comme une arapède, acceptent d’aider des paysans à défendre leur village régulièrement assailli par des brigands qui les pillent, les tuent, les volent et les violent saisonnièrement.
Le plus souvent au cinéma, pour faire sourdre le mouvement de l’image, les cinéastes – Max, Orson, Vincente et les autres – accompagnent de leur caméra des personnages dans des déplacements au sein d’un décor qui ne quitte sa fixité que par le mouvement que lui insuffle ainsi la caméra. Kurosawa, bien sûr, passe fréquemment par ce biais. Mais, exemple unique dans le cinéma aujourd’hui à notre connaissance, il a un autre moyen, plus récurrent dans son cinéma et qu’il affectionne particulièrement : partant du plan fixe d’un personnage qui ne se déplacera pas, il mouvemente le plan. Deux exemples tirés de ce film illustreront cette méthode. Dans le premier, janséniste comme du pur Bresson, une jeune femme, prostrée, sanglote en un plan fixe ; pourtant, en arrière-plan, à peine visible, à peine audible une légère cascade miroite ; comme pour nous mâcher le travail, Kurosawa la reprend d’ailleurs, de manière plus perceptible, dans le plan suivant. Le second exemple sera plus spectaculaire : un guerrier immobile, dans un plan fixe, arme son arc et lance ses flèches sur des ennemis non cadrés. C’est la pluie, une pluie torrentielle, qui mouvemente ici le plan. On pourrait citer de nombreux autres exemples du même genre. Chapeau, l’Empereur !
