Lorsque la puissance des images de scène dont Jean Bellorini a le secret rencontre un poignant récit issu d’une histoire vraie, c’est un théâtre inoubliable qui s’anime, dansant sur la fine frontière entre fiction et réalité.
En ce jour d’août 2021, après une évacuation périlleuse dans un véritable chaos humanitaire, la troupe de l’Afghan Girls Theater Group (neuf comédiennes et le metteur en scène) débarque à Paris, munie de quelques affaires enfouies dans des sacs en plastique pour seul bagage. L’après-midi même, le gouvernement taliban clôt les frontières et entérine l’interdiction de travail pour les femmes. En septembre, la troupe rejoint la métropole lyonnaise et s’installe dans des appartements mis à disposition par la Ville de Villeurbanne. Directeur du Théâtre National Populaire, Jean Bellorini, en complicité avec toute l’équipe, prend à cœur d’accompagner l’insertion de ces jeunes gens, d’abord sur le plan administratif et linguistique, puis, très vite, la rencontre étant bouleversante, sur un plateau de théâtre…
À l’appui d’Antigone de Sophocle, le metteur en scène travaille la prégnance chorale de l’ensemble que les comédiennes constituent, tout en mettant en exergue les singularités de chacune d’entre elles, leurs parcours individuels, teintés d’un courage inouï et de forces invraisemblables. Troublant la frontière entre incarnation et évocation, Les Messagères ouvre une éblouissante clairière, celle de l’ici et maintenant du théâtre, au beau milieu d’images composites, spectaculaires, aussi fugaces que des songes. Telles des Ismène d’ici s’adressant aux Antigone de là-bas, ces « messagères » offrent un fabuleux hommage à la fidélité à nos racines, aux valeurs qui caractérisent les êtres, de celles qui nous font marcher, vivre, rêver et rester libres.
durée : 1h50