Cathy Whitaker est l’épouse et la mère modèle de l’Amérique des années 50.
Le sourire aux lèvres, elle organise des réceptions où se retrouve la bonne société de sa ville du Connecticut ; une gazette locale la présente comme la femme au foyer idéale. Un jour, Cathy surprend Franck, son mari, échangeant un baiser avec un homme. Lorsque son amitié naissante avec Raymond, son jardinier, un homme noir, provoque un scandale, elle se heurte à la violence de la morale bourgeoise.
Inspiré par Tout ce que le ciel permet, Loin du Paradis n’est pas une adaptation moderne du mélodrame de Douglas Sirk. Todd Haynes emprunte à l’esthétique de Douglas Sirk la récurrence des motifs floraux et les couleurs de la saison, entre l’automne et l’hiver. Son talent d’écriture dessine, derrière une narration analogue, un jeu de variations.
Le cinéaste américain reconnaît avoir voulu revenir au mélodrame comme on s’empare d’un genre démodé. Il ancre le récit de son film à la même époque que ceux de Sirk, choisissant les années 50 comme décor pour filmer les tabous de la société américaine, l’homosexualité et le racisme. Ce cadre socio-historique permet à Todd Haynes de s’alléger du réalisme pour prendre le temps de filmer l’inconfort des personnages à l’intérieur du cadre dans lequel ils sont enfermés. Tandis que le film s’ouvre sur les images de la vie américaine idéale, le tableau s’obscurcit dès les premières minutes et l’appel de la police annonçant à Cathy l’arrestation de son époux. L’art du mélodrame consiste à pointer les aspérités de la peinture initiale, à étudier les étincelles provoquées par la rencontre d’individus issus de conditions sociales différentes et à filmer les sentiments qui en naissent.
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Réalisation : Todd Haynes
Année : 2002
Durée : 1h47
