Les premiers mots de la performance : « Les Syriens filment leur propre mort » campent le paysage et le projet.
Après avoir présenté la poignante performance Hartaqāt ce dernier Printemps des Comédiens, Rabih Mroué revient cet automne au Domaine d’O avec Pixelated revolution, qu’il appelle une « lecture non-académique ». Il y interroge avec panache et pertinence la circulation d’images filmés en Syrie « ici et maintenant ».
Pendant la révolution syrienne, de nombreux habitants ont filmé les événements. Très vite, ces images capturées sur le vif, acte de documentation spontanée impulsé par l’intention de générer et cumuler des traces de morts brutales, se propageaient, via les réseaux sociaux, sur d’innombrables téléphones portables.
Qu’en est-il alors de la perception de ces photographies et vidéos lorsqu’elles sont accueillies ailleurs ? Maintenant, mais pas ici ?
S’adossant à un méticuleux travail de recherche et de déconstruction des codes, usages, préconisations quant à la communication numérique, notamment partagés sur Facebook, le metteur en scène libanais articule comme toujours avec talent poétique et politique, en hybridant des médiums artistiques et documentaires.
© Rabih Mroué, The Pixelated Revolution, 2012 – Kadist