« Pour moi, la Compagnie est un lieu de rencontres.
D’abord, la rencontre de l’artiste avec l’acte de création.
Ensuite, les rencontres que cet acte de création génère à l’intérieur de l’équipe, entre des individus, qui s’impliquent à sa réalisation, quelques soient leurs rôles.
Et enfin, une rencontre de l’œuvre avec son public.
Mais de l’idée première à la phase de diffusion du projet rencontre en est toujours le mot clef.
Quand je m’adresse à un danseur, un musicien, un scénographe ou un créateur de costume à rejoindre le projet et à participer à sa construction, je me pose toujours ces questions sur le fond :
Qu’avons-nous à dire ensemble depuis la scène? Comment traverser le plateau aujourd’hui, qu’elle en est sa nécessité?
Je dirais même, quelle urgence nous pousse pour créer le mouvement, le spectacle, encore un ?
Des questions, à mon sens, vitales que chaque danseur ou personne de l’équipe est censé se poser. Que le public se (nous) pose aussi. Mes préoccupations ne relèvent pas seulement du domaine du théâtre et de la danse, elles font partie des questions universelles de la création.
Depuis les dernières années, un des axes principaux de mon projet artistique s’accentue autour du développement du travail qui met en lumière la dramaturgie du mouvement et la théâtralité du geste. Deux étranges combinaisons de mots qui ne sont pas autant intégrées par le vocabulaire de la danse contemporaine, mais qui portent pour moi un sens précis et concret.
La musique de plus en plus présente en live dans mes dernières pièces est un endroit de recherche à part entière, car le musicien présent sur le plateau n’incarne pas seulement une source sonore physique, mais est un acteur qui joue sa musique, un acteur du jeu dans le sens le plus large du terme. Comme pour le musicien, pour moi la justesse de la proposition se mesure toujours par une exigence simple et incontestable – il faut que ça sonne. Il ne s’agit pas seulement de la musique proprement dite, utilisée sur le plateau, mais de toutes les propositions des danseurs, des solutions scénographiques, des effets visuels etc … autrement dit de la musicalité et de l’organicité de la proposition scénique.
Il est important pour moi que la danse puisse se défendre toute seule à travers ses œuvres depuis la scène, être toujours engagée, physiquement, personnellement, et garder un élan instinctif, jubilatoire, surtout en lien avec la vie contemporaine.
Et donc en dialogue avec le public tout azimut sans distinction quelconque. »
Mitia Fedotenko

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